La lumière, un thème à débats
sur le tournage de Nouveau Départ
La réalisatrice Nausicaa Nairat
"Nous étions à 9h45 chez Maxence pour la découverte des contraintes et le début de
l'écriture. Après avoir beaucoup discuté des deux thèmes, la quasi
totalité de l'équipe souhaitait prendre la gourmandise alors qu' Antoine, le chef opérateur et
moi-même étions plus inspirés par la lumière. Antoine est quelqu'un que j'admire beaucoup et je savais
que je pourrais obtenir tout ce que je voulais si je le demandais: toutes nos scènes d'intérieur ont été tournées de nuit et la
lumière qu'il a réussit à créer est assez impressionnante. On s'y
croirait vraiment!"
Le chef opérateur Antoine Valay
"Être chef-opérateur d'un film ayant pour
thème "La lumière" n'était pas une mince affaire, la lumière aurait une
place importante dans le film. Je crois que la lumière est extrêmement
liée aux souvenirs, et le film raconte quelque part ce constat. Nous
avons eu envie de balayer en un film toutes ces lumières qui ont pu
évoquer au personnage principal la présence de ses amis. Une aube crue,
un soleil de midi, un coucher de soleil, une nuit de pleine lune devant
Les tontons flingueurs... Nous avons organisé notre plan de travail de
manière à jouer avec la lumière naturelle le plus longtemps possible,
les 24h étant un réel défi. Le coucher de soleil était un élément
important du film : c'est un basculement vers la nuit, un seuil de vie,
une lisière. Nous l'avons exploitée jusqu'aux dernières lueurs qui
découpaient ce lieu étonnant bordant la route où les amis de Charlie ont
eu un accident. Ils deviennent des ombres, ils disparaissent
progressivement, la caméra les encercle comme pour saisir leurs derniers
instants, cherchant à les poursuivre alors qu'ils courent vers
l'infini. Le film entretient un retour perpétuel à un référentiel qui se
dilue progressivement, celui de l'état actuel de Charlie, seul face au
dernier objet qui le lie à son passé heureux : le vinyle, cadeau
d'anniversaire qui le replonge avec ses amis. L'objet est le prétexte du
souvenir, le moyen de liaison étant la lumière. Lorsque le vinyle
s'arrête et qu'il scintille désormais sous un coucher de soleil
rougeoyant, un phare de voiture vient à nouveau le replonger dans ses
souvenirs, cette vive lumière qui l'éblouit lui évoque les phares des
voitures qui ont renversé ses amis. Une fois de plus la lumière
transporte le personnage dans cet ailleurs du souvenir. La lumière est
la voie royale du souvenir comme on dit que le rêve est la voie royale
de l'inconscient chez Freud. Enfin, le dernier plan du film est un
nouveau départ. Charlie se retrouve au coucher du soleil sur la fameuse
route où quelques jours plus tôt il a perdu ses amis. Sa trajectoire
s'élance vers le soleil qui se couche : la lumière attire Charlie vers
ces dernières lueurs du souvenir, pour leur donner une nouvelle couleur,
une nouvelle saveur, celle d'un nouveau départ."