jeudi 21 mai 2015

La lumière selon Antoine Valay, chef opérateur


La lumière, un thème à débats 

sur le tournage de Nouveau Départ



La réalisatrice Nausicaa Nairat
"Nous étions à 9h45 chez Maxence pour la découverte des contraintes et le début de l'écriture. Après avoir beaucoup discuté des deux thèmes, la quasi totalité de l'équipe souhaitait prendre la gourmandise alors qu' Antoine, le chef opérateur et moi-même étions plus inspirés par la lumière. Antoine est quelqu'un que j'admire beaucoup et je savais que je pourrais obtenir tout ce que je voulais si je le demandais: toutes nos scènes d'intérieur ont été tournées de nuit et la lumière qu'il a réussit à créer est assez impressionnante. On s'y croirait vraiment!"



Le chef opérateur Antoine Valay 
"Être chef-opérateur d'un film ayant pour thème "La lumière" n'était pas une mince affaire, la lumière aurait une place importante dans le film. Je crois que la lumière est extrêmement liée aux souvenirs, et le film raconte quelque part ce constat. Nous avons eu envie de balayer en un film toutes ces lumières qui ont pu évoquer au personnage principal la présence de ses amis. Une aube crue, un soleil de midi, un coucher de soleil, une nuit de pleine lune devant Les tontons flingueurs... Nous avons organisé notre plan de travail de manière à jouer avec la lumière naturelle le plus longtemps possible, les 24h étant un réel défi. Le coucher de soleil était un élément important du film : c'est un basculement vers la nuit, un seuil de vie, une lisière. Nous l'avons exploitée jusqu'aux dernières lueurs qui découpaient ce lieu étonnant bordant la route où les amis de Charlie ont eu un accident. Ils deviennent des ombres, ils disparaissent progressivement, la caméra les encercle comme pour saisir leurs derniers instants, cherchant à les poursuivre alors qu'ils courent vers l'infini. Le film entretient un retour perpétuel à un référentiel qui se dilue progressivement, celui de l'état actuel de Charlie, seul face au dernier objet qui le lie à son passé heureux : le vinyle, cadeau d'anniversaire qui le replonge avec ses amis. L'objet est le prétexte du souvenir, le moyen de liaison étant la lumière. Lorsque le vinyle s'arrête et qu'il scintille désormais sous un coucher de soleil rougeoyant, un phare de voiture vient à nouveau le replonger dans ses souvenirs, cette vive lumière qui l'éblouit lui évoque les phares des voitures qui ont renversé ses amis. Une fois de plus la lumière transporte le personnage dans cet ailleurs du souvenir. La lumière est la voie royale du souvenir comme on dit que le rêve est la voie royale de l'inconscient chez Freud. Enfin, le dernier plan du film est un nouveau départ. Charlie se retrouve au coucher du soleil sur la fameuse route où quelques jours plus tôt il a perdu ses amis. Sa trajectoire s'élance vers le soleil qui se couche : la lumière attire Charlie vers ces dernières lueurs du souvenir, pour leur donner une nouvelle couleur, une nouvelle saveur, celle d'un nouveau départ."

lundi 18 mai 2015

"Nouveau départ", de Nausicaa Nairat

**

Tout au long de ce tournage, ils étaient sept. Sept, ce chiffre que l'on dit "magique" dans les mythes et les contes, sept pour se lancer dans l'aventure de ce court-métrage Nouveau départ, qui a cette année remporté le Prix du public dans la catégorie étudiant.

**

Nausicaa Nairat

 

       Aventure cinématographique, oui ! Mais aussi aventure humaine car Nouveau départ rassemble des jeunes de tous les horizons. Nausicaa Nairat, la réalisatrice, explique avoir rencontré Antoine Valay, le chef opérateur, cet automne sur le tournage de Toute seule, un court métrage d'Arnaud Dumé. Ensemble, ils ont réalisé un clip (Génocide, du groupe de métal ghUSa: https://m.youtube.com/watch?v=LRpjHfa_D3s) juste avant le festival Turbo Film pour lequel elle n'avait pas encore d'équipe complète. Seuls les deux acteurs masculins avaient déjà été repérés par la jeune réalisatrice: Maxence un ami du BTS audiovisuel, avec lequel elle projetait de travailler et Damien qu'elle avait déjà croisé l'an passé dans Terminus, réalisé par Romain Le Roux. "J'ai eu l'occasion de rencontrer Damien pendant un tournage. J'arrivais un peu à l'improviste et ne connaissais que l'équipe technique. J'ai été impressionnée par son jeu. Une scène m'a particulièrement marquée: il exprimait sa souffrance à son père et j'ai trouvé son jeu très juste et émouvant. C'est pourquoi je lui ai proposé de travailler avec mon équipe pour Terminus en 2014 et avec moi cette année pour Nouveau Départ. Il est vrai qu'au niveau du jeu, j'ai préféré mettre Damien dans le rôle le plus sombre parce que, selon moi, c'est ce qui lui va le mieux. " Damien Carré, interprète du rôle de Charlie dans Nouveau Départ, ajoute que le film est finalement le résultat de la personnalité différente de chacun des acteurs: s'il aime à se glisser dans des rôles de héros tragique, il reconnait le potentiel comique de Maxence Melchior (Al dans le film) - "Maxence sait quand faire des blagues" - et la douceur qu'apporte Léa Valade au personnage de Lola. "En 24H, il est difficile de se mettre vraiment dans la peau d'un personnage. Au début, il y a toujours un froid, puis les émotions viennent d'elles-mêmes" souligne Damien. Léa, qui avait déjà suivi quelques cours de théâtre au Lycée Chagall avec le professeur Grégory Dominé, découvre alors à quel point le cinéma et le théâtre diffèrent: "au théâtre, il y a beaucoup d'exagération". Une exagération en effet absente de Nouveau départ où tout est suggéré. Point de grandes tirades dramatiques comme au théâtre. La réalisatrice et son équipe n'ont pas souhaité faire de ce film un récit chronologique, ce qui explique que l'on s'y perde parfois, et qu'il soit difficile de démêler souvenirs et moments présents... Le souvenir est désordre, obsession, il hante puis repart, d'où ces moments de flashs, d'échos.
       La réalisation du court-métrage a d'emblée échu à Nausicaa, "une femme forte, très directive, qui sait ce qu'elle veut", témoignent Damien et Léa. Une forte personnalité rassurante pour les deux acteurs, qui se sont sentis en confiance et bien dirigés. Nausicaa avait pourtant quelques craintes quant à ce rôle de réalisatrice, tout nouveau pour elle :"J'ai rencontré Léa le jour même et le courant est tout de suite passé, et même si j'avais quelques appréhensions au début, je n'ai au final eu aucune difficulté concernant la direction d'acteur. J'ai essayé de leur donner le plus de liberté possible dans le jeu afin que le rendu soit naturel. Maxence étant le roi de l'impro, j'ai préféré lui indiquer les démarches globales à suivre, tout en le laissant libre. Je donnais plus de directives à Damien car ses actions étaient importantes pour comprendre l'histoire."

L'histoire...


Charlie met un vinyle sur le tourne-disque, et la pièce sombre et vide change à la première note de musique: Lola et Al, ses deux amis disparus, réapparaissent, et la lumière s'allume. Musique et lumière réactualisent le souvenir, elles lui redonnent vie. Le vinyle est un cadeau, représentatif de leur amitié; la lumière, une belle et fragile indication de la vie soudain remplacée par la mort. Tout au long de ce film tout en flash-back et en moments subtiles, la lumière est là, associée à des épisodes heureux - Lola photographiant ses amis sous une chaude lumière, symbole de leur complicité - et tragiques - quand Lola et Al jouent joyeusement et dangereusement sur la route, sans se douter un seul instant que le noir va bientôt se refermer sur eux. Si le début du court-métrage prend la forme d'une succession de petite scènes légères, où l'on ressent la vivacité de leur jeunesse, la suite est plus sombre, plus lourde, comme si pesaient déjà sur eux le nuage de la fatalité. Plusieurs voitures les frôlent de près, et les injonctions de Charlie: "Revenez", restent vaines. Lui-même est filmé dans l'ombre, de dos, comme si sa présence n'était de toute façon plus assez forte pour empêcher le destin d'accomplir son œuvre. Sa voix, nonchalante, contraste de plus avec sa peur d'un accident: pourquoi ne crie-t-il pas ? Pourquoi ne se déplace-t-il pas pour les ramener en arrière, loin de la route ? Ce jeune homme qui n'aimait jamais les cadeaux que ses amis lui offraient n'éprouvait-il pas non plus envers eux des sentiments assez forts pour avoir une réelle envie de les sauver ? Apprendre à aimer, peut-être est-ce finalement le nouveau départ de Charlie...  

La lumière et le temps le lui ont soufflé.

vendredi 15 mai 2015

"Où est Charlie ?", un court-métrage d'Elise Combes


Pour Élise, Marie-Eve et Chloé, la journée de tournage a commencé à 9H.        Les trois amies, étudiantes à l'ESAD (École Supérieure d'Art et de Design) à Reims, ont vécu le festival comme une aventure divertissante, et dès le début de la journée, beaucoup d'idées leur sont venues à l'esprit, en "vrac"!


      Contrairement aux autres festivaliers, qui ont privilégié la présence humaine, les jeunes filles ont opté pour le film d'animation. "Nous ne nous sentions pas à l'aise avec le jeu d'actrice, et nous voulions faire quelque chose d'un peu immatériel". Avec leurs deux lampes colorées qui discutent entre elles d'un vinyle qu'elles ne retrouvent pas, les réalisatrices créent une situation où l'immatériel se mêle au cocasse: "nous aimons le comique, et si les lampes font bien sûr penser aux films produits par Pixar, la référence reste involontaire."


      Véritables héroïnes de l'action, les lampes, auxquelles elles ont prêté leurs voix, sont rigolotes, graciles et vives, même si elles se révèlent très préoccupées par le vinyle disparu. Dans leur film, les objets prennent vie, ils ont une âme, ils réagissent, ils font des rencontres, et leurs émotions sont si fortes, si vraies, que le spectateur s'attache à eux et s'intéresse à leur quête. Pour une fois, c'est lui qui est immobile alors que les objets sont en mouvement ! Il s'aperçoit alors à quel point un objet peut surprendre, au sens propre du terme, même si à aucun moment, le spectateur doute que les deux lampes ne fassent la lumière sur les évènements, sur la soudaine disparition du vinyle Charlie ! Élise, Marie-Eve et Chloé ont décidé de rester en retrait et de laisser la totalité de la scène à leurs objets, qui se baladent un peu partout: dans un appartement, dans une rue, et même dans la cathédrale, parmi les chaises en bois où croyants et touristes s'assoient si souvent pour se recueillir et / ou admirer ce lieu. Pendant qu’Élise photographiait les scènes successives, Marie-Eve et Chloé "tiraient les fils" de leurs actrices improvisées, un long travail, qui requiert patience et précision. Une fois chaque mouvement photographié, le montage, réalisé sur Première, leur a donné vie.

mardi 5 mai 2015

"Cassos Cassoulet", un court-métrage de François Brié



 **

Voilà trois ans que François Brié et Romain Sidan participent au festival Turbo film.  Après avoir tourné Flou en 2012, et Agence Colomba en 2013, ils marquent une petite pause en 2014 et répondent à nouveau présents à l'appel de ce Festival 2015. Ils gagnent le Prix du Meilleur Scénario, décerné par le jury professionnel.

 **


      Si certains décident d'arriver sans scénario pré-écrit le jour J,  d'autres se lancent quand même dans l'écriture, parce qu'ils ont besoin de mots, d'idées, de matériaux concrets avant de s'embarquer dans l'aventure. La veille du festival, François et son équipe de tournage se sont donc réunis pour faire une table ronde et discuter. Toujours dans l'optique de glaner quelques idées et aussi par envie personnelle, l’un des scénaristes, Romain Sidan, s’est rendu au Festival International du Court-métrage de Clermont-Ferrand, qui avait cette année lieu du 30 janvier au 7 février. Cette plongée dans d’autres œuvres cinématographiques a suggéré quelques pistes au jeune scénariste.
      Écrit la veille du festival, son scénario a servi de canevas et non de texte à suivre impérativement, l’annonce des contraintes le samedi matin étant bien sûr venue tout bouleverser. « On s’est demandé comment parler du « lapin » de façon naturelle ! On ne voulait pas que les contraintes apparaissent de manière flagrante. » rapporte François. La lumière, « compliquée à retravailler », a d’emblée été écartée des possibilités au profit de la gourmandise: « J’avais un pot de cassoulet chez moi, nous avons décidé lui donner un rôle dans l’intrigue » explique François avec humour. Cette idée, qui n’était pas dans le scénario, en a entraîné d’autres : « on a fait de Charlie un personnage allergique au piment d’Espelette ». Le pauvre, il en meurt même…


A la vue des ces ajouts fantaisistes qui ont rendu son scénario vivant tout en s’en éloignant quelque peu, Romain Sidan s’est dit : « ahhh, ils ont fait ça comme ça ! » Et voilà le scénariste plongé dans l’expérimentation au même titre que les acteurs ! Surprises et légèreté, voilà ce que nous promet le court-métrage de François Brié, actuellement étudiant en dernière année de BTS Audiovisuel, Section Exploitation. Dans "Cassos Cassoulet", les cassos sont gentils, et acceptent la mort de leur ami sans en faire un drame. Ils sont candides mais débrouillards. Romain avoue avoir été inspiré par les beaufs au comportement léger du film d’Hubert Charruel, K-Nada, et si François, le réalisateur, souhaitait au début deux personnages principaux contrastés - l’un très stressé par la mort de Charlie, et conscient de la gravité de l’évènement, et l’autre désinvolte face à ce drame inattendu - il avoue s'être rendu compte que les deux héros étaient devenus semblables au fur-et-à-mesure du tournage. Bien que conscients de cette entorse faite au scénario, ils ont accepté que celui-ci prenne vie et évolue.


Les lieux du tournage ? 
Le quartier du Conservatoire et le centre-ville ont accueilli l'équipe de "Cassos Cassoulet".
Le matériel utilisé:  
Un reflex Nikon, et un steadicam afin que les prises de vue en travelling soient stables et fluides. 
Réaction du réalisateur:
« 24h, c’est court, on est donc allé au plus simple, et on ressent toujours un petit stress à la vue de notre film projeté sur grand écran »


mercredi 29 avril 2015

"115", un court-métrage de Mohammad et d'Ahmad Malas

**

  Arrivés en France depuis deux ans, Ahmad et Mohammad Malas ont déjà une petite carrière artistique derrière eux. Les deux frères ont suivi des cours de théâtre en Syrie,  où ils étaient aussi connus pour avoir créé un petit théâtre dans leur appartement, "le plus petit théâtre du monde" précisent-ils. Dans ce théâtre improvisé pouvant accueillir une vingtaine de personnes, ils ont monté une centaine de pièces de théâtre de 2003 à 2011. Le succès était au rendez-vous, le livre des records les avaient même contactés, mais leur indépendance ne convenait pas au gouvernement syrien…    

** 




Plusieurs fois, ils ont monté des pièces de Molière, de Shakespeare, mais aussi des pièces de Saadallah Wannous, dramaturge syrien qui s’installa quelques temps à Paris pour étudier le théâtre à la fin des années 60. Saadallah Wannous fit alors la connaissance de Genet, et découvrit le théâtre de Weiss, de Beckett et de Brecht. Il revint en Syrie enrichi de nouvelles influences et son "écriture dramatique [resta] fortement influencée par les tendances modernes du théâtre occidental, tout en s’inscrivant dans le prolongement du patrimoine théâtral syrien et arabe."

**

      
      Très proches, Mohammad et Ahmad Malas tentent ensemble toutes les expériences cinématographiques qui se présentent à eux. Dans leurs précédents films, "Hagez" (Visible ici: https://www.youtube.com/watch?v=nHTg81Ycwmc) et "Syria inside" (https://www.youtube.com/watch?v=yZKt29I9sgM), ils sont tous les deux acteurs, alors qu'ils s'essayent à la réalisation avec le Festival Turbo film.
Comment ont-ils été mis au courant de l'existence du festival ? Apparemment, l'affiche où trône le lapin les a attirés.. et ils avouent s'être fait expliquer par des amis français le concept des 24H. Les frères Malas révèlent s'être retrouvés dans la même situation précaire que le personnage principal de leur court-métrage "115" à leur arrivée en France. Ils ont vécu la solitude, la déception de ne pas trouver de toit, le froid... Leur intrigue s'est donc formée à partir d’une situation autobiographique, même si les deux frères ont retravaillé cette expérience personnelle pour donner naissance à un film : « on a discuté pour trouver le caractère du film, son style.» Leur travail a d'ailleurs été récompensé: gagnants du Prix Meilleur film dans la catégorie étudiant, ils ont été félicités par le réalisateur et président du jury professionnel Hubert Charruel. "Il y a une vraie proposition de cinéma. Vous avez traité d'un thème compliqué d'une façon simple" a ajouté le réalisateur. Que ce soit quand il appelle le 115 pour avoir un lit ou dormir, ou quand il apprend la conjugaison française dans un petit livre, le personnage principal est toujours actif, et jamais il ne tombe dans un pathos exagéré malgré sa situation désespérée. Ils ont choisi de faire de leur personnage un étranger qui aime le théâtre, la musique : il apprécie tous les arts. Le masque qu'il porte symbolise le masque commun et donc l’histoire commune de chaque étranger. Le "Je suis Charlie mais je suis étranger" résonne amèrement...


        Pour certains spectateurs, la fin était claire, pour d’autres non, et Ahmad de dire : "le cinéma ne doit jamais être trop évident. » Pourquoi tourner près de l’Université des Lettres et Sciences Humaines ? « Les coquilles de la fac de Reims sont très jolies, et nous voulions créer un contraste entre l’architecture recherchée et la situation tragique du personnage ». Le froid qui régnait ce jour-là a ajouté un surplus de réalisme à la scène, de même que le bon rythme de diction de l’acteur, qui a d'ailleurs reçu le prix du meilleur acteur dans la catégorie étudiant.
        Tourné avec une caméra Canon 6D, et monté sur iMovie, le film représente un grand moment pour les deux frères : « nous sommes contents d’avoir participé au festival Turbo film. En France, nous avons des idées, du temps, et nous sommes libres de participer, alors qu’en Syrie, la police était toujours après nous.»

dimanche 19 avril 2015

"Une idée lumineuse", un court-métrage d'Alizée Kubiez


**

A 22 ans, Alizée Kubiez n'en est pas à son premier court-métrage! En 2012, elle avait réalisé "Irina", gagnant dans la catégorie "Première marche" au Festival du film court de Troyes. Pour "Une idée lumineuse", Alizée et son équipe ont cette année remporté le Prix du regard étudiant, décerné par le jury international étudiant, présidé par Carlo Giordano, dans le cadre du Festival Turbo film.

**

      Résumé : Titulaire d'un BTS en Comptabilité, Charlie n'en revient pas quand, lors d'un entretien, le patron lui annonce qu'il serait aussitôt embauché s'il savait jouer de la guitare. Motivé, il se donne 24H pour apprendre la musique. Film entier ici: https://vimeo.com/119052426
      24H ? La jeune réalisatrice et son équipe n'ont pas choisi ce délai au hasard ! Comme pour Turbo film, ils souhaitaient que l'idée de défi soit présente dans le court-métrage: "nous voulions que le personnage ait aussi une limite de 24H pour accomplir une action". Ce choix donne à Une idée lumineuse une dimension supplémentaire, comme si ce film était une mise en abyme du festival et des qualités attendues chez les participants: ne leur demande-t-on pas de l'énergie, de la rapidité, mais aussi de la fantaisie ? et, si possible, une belle idée lumineuse ?! Ce film, Alizée et son équipe l'ont voulu frais et humoristique et la musique latino de Manu Chao lui donne un rythme dynamique, joyeux, encore accentué par les variations de valeurs de plans: gros plan, champs contre-champs, plans d'ensemble, etc. Les plans varient, les lieux aussi: intérieurs, extérieurs, et les interlocuteurs successifs de Charlie traduisent sa volonté d'apprendre la guitare coûte que coûte. L'alternance de scènes dialoguées et de scènes-images reflète quant à elle la psychologie du personnage de Charlie à cet instant: sa réaction à la cocasse demande du patron est d'abord intériorisée et le silence, qui lui permet de trouver très vite une solution pour apprendre à jouer de la guitare, est relayé par une succession d'images où on le voit compulser des bouquins de musique, se passer la main dans les cheveux, apprendre quelques techniques auprès d'un ami, etc.



Comment s'est déroulé le tournage ?

      Même si l'équipe d'Une idée lumineuse a commencé la journée du 7 février avec une simple ébauche de scénario, l'improvisation n'était pas totale et ils ont choisi de tourner chaque scène après une dizaine de minutes de répétitions. Répétitions détendues, dont on décèle la bonne ambiance sur le making-off! Les idées sont venues au fur-et-à-mesure, et l'une d'elle s'est même formée en avant-première dans l'esprit d'Augustin de Verneuil, l'acteur principal, le vendredi soir, en arrivant à Troyes. A la vue du Cœur de Troyes, sculpture en inox de Michèle et Thierry Kayo-Houël, éclairée en rouge la nuit, Augustin a tout de suite eu envie d'intégrer cette image au court-métrage: "je tenais à une petite touche de romantisme" explique-t-il. Le jeune homme, à qui il est arrivé de faire du théâtre quand il était au lycée, avoue aimer apporter ses idées pour enrichir la mise en scène ! Louis Crolus, qui joue Monsieur Oswald, le recruteur à la moustache si fantaisiste et aux mimiques comiques, a vraiment eu l'impression de "participer à un tournage professionnel" et ajoute avoir "été très content d'avoir vu leur film projeté sur grand écran": "nous avons vécu la réaction du public en direct !"
       La météo, le jour du tournage, ne s'était pourtant pas rangée de leur côté: "le sans-abri, joué par Yannick Mingala, a eu du mal à jouer de la guitare car il faisait froid dans les rues de Troyes". Les jeunes gens ont, comme beaucoup de festivaliers, passé la nuit à monter leur film, en grande partie avec le logiciel Première, mais aussi avec After Effects, et jusqu'à 9H, leur court-métrage n'avait pas encore de titre... L'idée lumineuse est arrivée quelques heures après le levé du jour et une heure avant le rendu du court-métrage sur le site du festival. Imaginons leur soulagement et leur excitation à la perspective de livrer leur œuvre !



A l'issu de la cérémonie de clôture, lors du cocktail organisé au Club Le Projet, les cinq membres de l'équipe présents ont pris, à ma demande, la parole à tour de rôle pour donner leur ressenti sur cette excitante aventure de tournage:

  • Alizée Kubiez : "Le festival Turbo film est une très belle expérience. Il nous permet de nous exprimer en tant que jeunes et d'être reconnus. Pour mes autres projets audiovisuels, j'avais l'habitude de tout écrire, là, c'était un défi de faire autrement ! Je pense que savoir s'entourer (un conseil d'une bonne personne peut tout changer) est aussi très important."
  • Eric De Sousa : "J'aurai aimé participer davantage. Professeur de musique et guitariste, j'ai apporté mon soutien psychologique et j'ai choisi la musique du générique."
  • Louis Crolus : "C'est la première fois que je participe à un festival. Toucher à tout ce matériel utile pour la réalisation d'un film m'a permis de prendre conscience de l'importance du son, de la lumière ! Et monter avec une qualité de son et d'images est une grande satisfaction."
  • François Kim : " J'ai apprécié notre énergie, notre façon de nous épauler les uns les autres. Les compétences parlaient pour chacun."
  • Augustin de Verneuil : "Au début, j'avais l'impression de tester sur un petit court-métrage ce qui me paraît démesuré quand je regarde un film. C'était comme pour de vrai."

"Bienvenue dans un monde meilleur", un court-métrage de Théo Lambros


**

Élève en Première Scientifique, Option cinéma au Lycée Clémenceau, Théo Lambros est passionné de cinéma. Il faisait d'ailleurs partie des festivaliers venus assister à la Master Class sur le son au cinéma, présentée par Jérôme Petit, preneur de son, monteur son pour le cinéma et musicien. 

"Monter un projet ensemble", voilà une idée qui trotte depuis longtemps dans la tête de Théo et de ses amis de l'Option cinéma !

Le Festival Turbo film leur apparaît alors comme l'aventure idéale.

 **




"Samedi 7 février, nous étions neuf dans l'équipe, et même si cela nous semblait beaucoup, nous n'avons laissé personne de côté car chacun avait un mot important à dire, une idée à apporter" explique Théo Lambros. A l'unanimité, ils ont opté pour le thème de la lumière: "c'est beau à traiter à l'image" et Théo a demandé à tous ceux de son équipe de rapporter sur le tournage un objet personnel. L'un d'entre eux a apporté un miroir, un autre une chaîne, une chaîne qui leur a d'ailleurs donné l'idée de cette scène tournée dans une cave, ou l'un des personnages se fait battre violemment. "Nous avons décidé d'écrire une histoire noire, sombre, mais notre court-métrage ne se définit pas par la violence... Il faut être attentif à chaque détail." Trois objets apparaissent régulièrement dans le récit: une chaîne, un couteau, un vinyle.

Constitué d'ellipses, de retours en arrière et de passages énigmatiques, le film de Théo Lambros ne donne pas toute ses significations à la première lecture et le réalisateur nous averti de la double interprétation possible lors de la scène finale.
- La première porte en elle un espoir déçu: Charlie a espéré en vain que sa sœur, kidnappée il y a des années, soit libérée. Quand il se rend compte qu'elle ne reviendra pas, il se suicide.
- La seconde interprétation met en valeur la double personnalité de Charlie. Celui-ci aurait tué sa sœur, mais recréerait sans scène une mise en scène visant à se dé-responsabiliser. A la fin, il se suicide, lasse de se mentir à lui-même.

  • Qu'as-tu ressenti quand tu as vu ton film projeté sur un grand écran de cinéma ? "C'était très fort. On a vu notre court-métrage au cinéma Opéra, où nous allons très souvent voir des films."
  • Penses-tu participer à nouveau au festival Turbo film l'année prochaine ? "Oui ! Plus on regarde notre court-métrage, plus on le déteste. On a un idéal de perfection en tête, et si on s'en est approché, nous sentons qu'il n'est pas encore atteint..."